DAKAR.
Aéroport Léopold Sédar Senghor.
3 heures de route dans un TAXI brinquebalant, passant par MBOUR (jumelée avec Concarneau !) puis de piste dans la brousse,
en charette à cheval, (certains diront en calèche) et, enfin, DIOHINE, à 150km à l’est de Dakar, à la limite du Sahel,
juste avant FATICK et KAOLACK.
Un fourgon Renault Master ou Citroën C35 rallongé 1 à 2 mètres: le Car Rapide (enfin, rapide...., c'est ce qu'ils prétendent...!)
Montez ! il y a déjà 50 personnes, là où nous serions entre 15 et 20 en France, mais on se serrera... sur le strapontin au centre,
20cm pour se caser, les genoux sous un Dieye Fundiaï généreux , peu importe, vous êtes assis aussi sur les genoux de la personne à l'arrière..
40 degrés dans cette sorte de bétaillère dont le haut-parleur, protégé par une demi-bouteille d'eau coupée en 2, égrenne à tue-tête des sourates du Coran.
50 personnes serrées comme des sardines, et pourtant: pas une effluve, des tenues soignées et, surtout, la dignité de tous,
à couper le souffle!
Le prix du voyage passe de mains en mains jusqu'au receveur et la monnaie revient sans aucun problème . Serait-ce possible chez nous ?
Bondés à l'intérieur, les Alhamdioulilah (signifiant que Dieu nous protège) sont aussi chargés de bagages sur le toit renforcé, et parfois même de passagers, non sensibles au tanguage, bien entendu!
Montée, en général, par l'arrière; mais si vous ne craignez pas les émotions fortes, l'avant permet de se serrer à 3 à droite du chauffeur, trés prés....du levier de vitesses
Quelle surprise !
Croiser un autocar de la ville de Nantes, au coeur de la brousse, fait partie de ces moments où l'on se frotte les yeux;
c'est le mystère de la récupération de nos vieux matériels, qui auront ici une durée de vie multipliée par 3 ou 4...
Le long du parcours, impossible de ne pas croiser ces camions en panne , arrêtés là où ils peuvent, attendant souvent un pneu de rechange.
Le leur, archi-usé, n'a pas résisté à la surcharge ni à la vitesse excessive tentée sur une route un peu trop belle mais jonchée de nids-de-poules.
Non seulement le poids-lourd gène mais le chauffeur est souvent allongé à même la chaussée pour attendre la pièce. Que voulez-vous, c'est de ce côté qu'est l'ombre....
Semblables à ceux de l' Inde ou du Pakistan, les camions sont bondés bien au-delà du possible; des tonnes de marchandises, accrochées jusqu'aux flans, qui doublent leur volume.
Bien souvent, des grappes humaines sur les pare-chocs, et sur le chargement, même à l'aplomb de la route.
Chacun a négocié sa place, mais il n'y aura même pas assez d'ombre pour tous lors des arrêts...
Le voyage est plus relax en calèche, petite plate-forme tirée par un cheval de petite taille, insensibilisé aux difficultés de la circulation.
Certaine carioles sont, à l'image de nombreux camions, aussi artistiquement décorées. L'une d'elles arborait fièrement l'étoile d'une marque allemande de grosses voitures sur le collier du cheval !
Au Carrefour des quartiers de Maronem et de Sassenne, ou alors Au chan derrière le bar local, il y a toujours de quoi vous ravitailler.
Disséminées un peu partout dans Diohine, les épiceries de détail vous délivreront le bouillon-cube (Maggi , ou JUMBO aka saparal ! ), ou la dose de lessive
nécessaire à une lessive ou au lavage des mains, ou la dose de vinaigre ou d'huile, chaque fois dans un minuscule sachet plastique qui se retrouvera dans la nature...déjà l'un
des inconvénients du développement bien peu durable que nous leur avons apporté !
Au choix, boisson mondiale au Cola ou Africa Cola, pâte d'arachide, piles à l'unité, même les + petites, mini-piments mais maxi-goût, cigarettes par paquet ou à l'unité, boite de corned-beef à la volaille, concentré de tomate, pour la bière: Gazelle ou Flag, fabriquées en Côte d'ivoire, mais à toi, le toubab, de négocier le prix, ou gare à l'inflation !
Plus rare: une boucherie -on dit aussi une dibitterie, là ou on débite la viande- ou on ne s'attendra pas à trop d'hygiène: c'est tout simplement impossible !
Plus fréquents, les dépôts de ciment et autres matériaux de construction.
Ici pas ou trés peu de règles d'urbanisme permettent l'arrivée de batiments plus ou moins bizzares
Pourtant généralement frugal, le repas sera partagé par toute la famille avec chaque personne de passage à ce moment.
Gari niam ! vous êtes invité à venir manger, ne serait-ce qu'une bouchée de ce couscous de mil si vous avez déjà mangé. Mais refuser serait un affront !
Gui niam ! j'ai assez mangé. Vous pouvez quitter la "table" c'est-à-dire vous lever de la natte déposée sur le sol, qui sera simplement secouée aprés le repas; les poules nettoieront.
A l'occasion d'un mariage, tout le quartier se joint à la famille, déjà trés élargie.
Le sacrifice d'un boeuf entier sera nécessaire pour nourrir tout ce monde.
Que l'on se rassure: aucune partie de l'animal, pas même les sabots, ne sera gaspillée, et chacun aura donc sa part.
Des heures d'efforts inconnus chez nous, par manque de produits préparés, par manque de matériel (ici le plan de travail, c'est le sol même).
Mais quel excellent résultat, chaque fois..: Mafé, Poulet Yassa, Thieboudiène, etc...
Quatre générations et une centaine d'années séparent l'aïeule (on dit la NOG, l'ancienne au sens noble) de la petite Sénégauloise SIGA-MANON.
Si la petite peut, bien entendu, partager le repas des anciens, elle devra bientôt se mêler aux autres enfants pour manger ce que les anciens leur auront, généreusement quand même, laissé.
De même, les femmes partagent rarement le repas des hommes.
Oui ! ici tout se recycle et sert jusqu'à l'usure.
un outil des champs sert une vie d'homme entière. Une voiture déjà hors d'usage pour nous, fera encore 50 000 km avant d'être revendueà un autre, puis e servir pour les pièces détachées.
Cette calebasse , qui n'est qu'une demi-courge séchée, et s'achète moins de 5€, a été réparée pendant des années.
Que l'on se rassure ! elle est tout-à-fait efficace et tiendra le coup encore longtemps, la callebasse de Yaya !